Le devoir de mémoire
Lesoir; le Lundi 3 Decembre 2012Le magazine français le Nouvel Observateur
(rubrique Culture), dans son édition du 21 novembre 2012, a publié une
interview du chanteur français Enrico Macias qui, comme à laccoutumée
cela ne nous étonne guère, profite de nimporte quelle occasion
commémorative (là il sagit du cinquantenaire de notre indépendance),
pour mettre en relief son supposé «algérianisme ». Pour ce faire, il
prend son air faussement pathétique et s'efforce de verser quelques
semblants de larmes taries par le temps pour nous attendrir, du genre :
«Je vis cela très mal, mais je ne ferme pas la porte à lavenir. On ne
sait jamais
Je me sens vexé, humilié, insulté. Je pense que le peuple
algérien, qui ne peut pas me voir depuis tant dannées, lest aussi.»
Cela nexiste que dans sa très fertile imagination, et il néchappe à
personne que Monsieur Macias, malgré l'image qu'il essaye de donner,
semble beaucoup plus préoccupé par son hypothétique pèlerinage algérien
que par les centaines dinnocentes victimes palestiniennes, lui,
lambassadeur pour la paix. Nest-ce pas Monsieur Kurt Waldheim ? Vous
avez mal choisi votre représentant !Aucune occasion néchappe à ce
nostalgique chanteur pour nous rappeler quil est ô combien algérien de
cur et de naissance, quil fête avec nous notre indépendance acquise,
faut-il le lui rappeler, au prix du sang, quil se remémore avec
nostalgie nos us et coutumes constantinoises, quil désire de tout cur
revoir son pays qui lui manque et quil a déserté avec sa famille dès
que la certitude de la fin de «lAlgérie française» avait sonné. Le
passé est loin derrière, Monsieur Macias, et comme disait Jules César :
«Aléa jacta est.» Les jeux sont faits, et je pense quil ny a pas lieu
despérer un impensable retour en arrière. Les Algériens ont eu la
volonté politique de tourner la page pour soccuper uniquement de leur
avenir, mais ne sont pas près doublier et cest dans ce schéma que nous
disons aux nostalgiques de lAlgérie française : «Vous nêtes pas les
bienvenus. » Nous ne devons pas occulter le fait quEnrico Macias est un
sioniste de la pire espèce. Un pur et dur sioniste sous sa carapace de
vrai-faux sentimental qui, avec ses convictions politiques, nous bazarde
en concomitance ses chansons pour nous faire oublier les bombes au
phosphore et autres explosifs à billes largués sur Ghaza. Un génocide
parrainé dailleurs par les USA. Lobby juif oblige. Cependant, et en
tant que fils de chahid, je milite, ad vitam aeternam, pour que notre
nationalisme, qui nous a menés vers lindépendance et la liberté, soit
remisé pour éviter quil nous mène vers le populisme comme cest le cas
dans lHexagone avec le FN que les Français traînent comme un boulet de
forçat, la Ligua du Nord (Italie) ou celui du Parti du Reich nordique
suédois. Un OAS qui admet toutefois lévidence que lAlgérie est libre
et indépendante sera le bienvenu chez nous, car nous avons tourné la
page sans oublier notre glorieux passé. Je ferai un pléonasme en disant
quil sera le bienvenu chez lui. Ce faisant, Macias qui, visiblement,
nadmet pas la réalité, ne mérite pas notre légendaire hospitalité.
Mouloud Feraoun, dans son Journal- 1955, sadressant aux «indigènes» que
nous étions (ouvriers, fellah, étudiants
), disait :
«Vos ennemis de
demain seront pires que ceux daujourdhui
» «Les ennemis de demain»,
c'est-à-dire postindépendance, ce sont ceux qui ont pris Macias et
autres Catherine Deneuve et Depardieu par les épaules et leur ont ouvert
le Trésor public et la possibilité dacquérir des terres de la plaine de
Aïn Témouchent avec, en prime, des enveloppes dont le contenu ne prête à
aucune équivoque. Pour ce faire, ils ont marché avec empressement vers
leur précieux hôte en empruntant un jalonnement quils ont voulu
dithyrambique. Nous ne cesserons pas de dénoncer ces gens-là, qui
agissent non pas pour nos beaux yeux, mais par rapport à leurs intérêts
de glaner par-ci et par-là quelques gains. Lécriture de notre histoire
doit répondre aux exigences du devoir de mémoire que nous navons pas
perdu. Aussi, veillons à la préserver de lamnésie. Nest-ce pas,
Monsieur Macias ?
Mohamed-Rachid Yahiaoui, fils de chahid. Retraité
Categorie(s): voxpopuli
Auteur(s): lesoir